Radiola VG5000 : Ma DeLorean perso pour 1987, option BASIC et K7 incluses !

Il y a des objets qui marquent une vie, des témoins silencieux d'une époque révolue mais ô combien fondatrice. Week-end du pont de Mai oblige... et au lieu de profiter d'un soleil radieux (ou de toute autre activité typique de ces jours fériés !), devinez quoi ? Je me suis retrouvé à fouiller dans de vieux cartons.
Et là, imaginez ma surprise et la belle bouffée de nostalgie qui m'a envahi : mon VG5000 était là, intact... ou presque ! Un peu poussiéreux, certes, mais accompagné de son fidèle lecteur de cassettes audio. Car oui, sur ces "ordinosaures" comme on pourrait les appeler affectueusement aujourd'hui, point de lecteur de disquette. Il fallait brancher le magnétophone, croiser les doigts, et surtout, galérer et être patient (et c'est peu de le dire !) pour charger le moindre programme ou jeu.

C'était vers 1987 ou 1988, ma mémoire flanche un peu sur l'année précise, j'étais un gamin, et cette machine, malgré ses contraintes, allait devenir mon portail vers des mondes insoupçonnés et la clé de mes premières découvertes informatiques. Bien sûr, à l'époque, je ne me doutais de rien. Je ne savais pas encore que cette découverte allait changer et construire ma vie pour toujours. L'informatique n'en était alors qu'à ses balbutiements, j'étais encore en CM1, à l'aube de futurs échecs scolaires au collège (de ceux-là, pas besoin de DeLorean pour s'en souvenir !), et à 9 ans à peine, comment aurais-je pu imaginer que ce premier contact allait façonner ainsi tout mon parcours ?
J'étais encore en CM1, à l'aube de futurs échecs scolaires au collège (de ceux-là, pas besoin de DeLorean pour s'en souvenir !), et à 9 ans à peine, comment aurais-je pu imaginer que ce premier contact allait façonner ainsi tout mon parcours ?
Le choc des générations : Quand mon Radiola VG5000 réapparaît

Imaginez la scène : des années de souvenirs condensés dans cette carcasse en plastique beige, avec son clavier si particulier, très similaire à celui que l'on trouvait sur les Minitels de l'époque, qui a tant de fois cliqueté sous mes doigts... Enfin, "cliqueté", je m'emballe un peu, hein ! Disons plutôt qu'il a vaillamment répondu à mes sollicitations, parce que niveau mécanique et "clic" franc, on était loin du compte – mais l'esprit et le look y étaient !
Le VG5000, pour ceux qui ne le connaissent pas, était un ordinateur personnel 8 bits

Bien que conçu par Philips, il était distribué en France sous différentes marques, dont Radiola et Schneider, en plus de Philips même. Mon compagnon de l'époque était donc un fier représentant de la famille Radiola.
Avec son processeur Zilog Z80, ses 24 Ko de RAM (extensibles !) et son affichage en 8 couleurs (ou plutôt 8x2 avec des attributs de clignotement et de luminosité)
US Rally : La fureur des circuits en quelques pixels

Mon premier réflexe après avoir retrouvé mon VG5000 a été de chercher LA cassette qui a usé la tête de lecture de mon magnétophone de l'époque : US Rally. Ah, US Rally ! Un jeu de course automobile d'une simplicité désarmante aujourd'hui, mais qui, à l'époque, était une source infinie d'amusement et de défis.
Les graphismes étaient rudimentaires, les bruitages... disons, évocateurs. Mais l'excitation de négocier un virage pixélisé, d'éviter les autres concurrents symbolisés par quelques blocs de couleur, et de franchir la ligne d'arrivée était bien réelle.

On se penchait avec la voiture, on serrait les dents dans les dépassements. Chaque partie était une aventure, et la satisfaction de battre son propre record ou celui des copains était immense.
Le chargement depuis la cassette, avec ses stridulations caractéristiques et son attente interminable, faisait partie intégrante de l'expérience – une véritable école de patience avant l'heure, qui rendait le démarrage du jeu encore plus savoureux !
L'apprentissage du BASIC

Mais le VG5000 était surtout une formidable machine pour apprendre. C'est sur son clavier que j'ai tapé mes premières lignes de code en BASIC Microsoft, le langage de programmation intégré.
Bien sûr, l'interface de programmation se limitait à cet écran unique et à ce clavier "Minitel". Aujourd'hui, le plus patient des développeurs, habitué au confort et à la réactivité d'un Visual Studio Code avec ses multiples fenêtres, son auto-complétion et ses débogueurs surpuissants, péterait probablement un câble en essayant de coder intensivement là-dessus !

L'environnement de développement du VG5000 est à des millions d'années-lumière de ce que l'on connaît ; tellement loin, en fait, que je me demande si notre fameuse DeLorean du titre pourrait seulement nous y transporter pour constater l'étendue du fossé technologique !
Mais à l'époque, c'était notre univers, et chaque ligne de code tapée sur ces touches un peu récalcitrantes était une petite victoire, nous enseignant la logique, la résolution de problèmes, et la satisfaction de voir une idée prendre forme. C'était une école de rigueur et de créativité.
Une madeleine de Proust technologique
Retrouver mon VG5000, c'est bien plus que déterrer une vieille machine. C'est retrouver une part de mon enfance, une époque où la technologie, bien que moins puissante qu'aujourd'hui, semblait pleine de promesses et accessible.
Ces ordinateurs nous ont appris à être curieux, à expérimenter, et pour beaucoup, ont jeté les bases d'une passion ou d'une carrière dans l'informatique.
Aujourd'hui, alors que l'on utilise sur des interfaces sophistiquées avec des appareils des milliers de fois plus puissants, je garde une tendresse particulière pour ce bon vieux VG5000.
Il me rappelle qu'avec peu de moyens, mais beaucoup d'imagination et de persévérance, on pouvait déjà accomplir de petites merveilles.

Science & Vie Micro N°13 janvier 1985
Et pour terminer sur cette note pleine de nostalgie, je vous encourage vivement à consulter l'intégralité du numéro 13 de Science & Vie Micro, disponible sur Abandonware Magazines. Vous y retrouverez l'article complet – dont je vous propose un aperçu ci-dessous – consacré à l'arrivée du VG 5000 sur le marché de l'informatique personnelle de l'époque.

Philips entrait sur le marché des micros familiaux avec le VG 5000, une machine abordable (1590 F) visant l'initiation. Points forts : une francisation exemplaire, des messages d'erreur en français ("RECOMMENCEZ AU DEBUT" !) aux touches comme "EFFC" (Efface Caractère), un confort d'utilisation correct et des logiciels de qualité déjà disponibles, notamment un étonnant tableur "Budget". Son éditeur était pratique et il offrait une parenté technique avec le Minitel, laissant espérer des développements télématiques.
Cependant, le tableau n'était pas tout rose. Le principal reproche : l'absence d'un véritable mode graphique. Philips annonçait 320×250 points, mais ceux-ci n'étaient pas adressables individuellement en BASIC. Il fallait ruser avec des caractères graphiques programmables, une tâche ardue. La mémoire vive disponible pour l'utilisateur se limitait à 13 Ko sur les 24 Ko annoncés. Le clavier, bien que rappelant celui du Minitel, avait un toucher jugé "mou". Le BASIC Microsoft était un peu limité (pas de ELSE, précision de calcul à 6 chiffres). Des extensions mémoire et des imprimantes étaient prévues mais pas encore là. Le manuel était jugé insuffisant.
Malgré ces manques, l'article concluait que le VG 5000 était un ordinateur sérieusement étudié, un bon choix pour apprendre le BASIC, s'initier au tableur ou créer des jeux simples, surtout si l'Atari 600 XL venait à manquer. Ses performances en calcul étaient d'ailleurs honorables.
Un ordinateur avec des messages d'erreur en bon français et un tableur sur cassette pour moins de 1600 Francs en 1985 ? Si si, ça existe... enfin, ça existait !